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MAISON BOUANANI: DERRIÈRE ET DEVANT LES RIDEAUX – Ziad Naitaddi

28 octobre - 27 décembre 2021 // Archives Bouanani, Rabat

MAISON BOUANANI: DERRIÈRE ET DEVANT LES RIDEAUX – Ziad Naitaddi

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© Ziad Naitaddi

Pour sa résidence aux Archives Bouanani, l’artiste Ziad Naitaddi mène une recherche qui s’inscrit dans le prolongement de ses interrogations artistiques sur le territoire et l’identité. Il souhaite ainsi explorer l’espace physique des Archives Bouanani et rendre visible à travers son geste photographique, les tensions invisibles qui s’y jouent. Il va notamment s’interroger sur “cet espace où se créaient les chefs d’œuvres de Bouanani, qui se trouve en plein centre d’un grand espace où se créaient des idées totalement contraires, différentes et décalées au niveau culturel, politique, humaniste et intellectuel. Comment un simple espace, de simples murs, quelques dizaines de mètres carré peuvent déranger plus d’un-demi-million de kilomètres carré pendant les années 1970 et 1980. En y pensant, on ressent qu’il y a une vie et une âme qui émanent d’un pur et profond dialogue entre les espaces.” 

 

Cinéphile depuis l’adolescence, l’intérêt que porte Ziad Naitaddi pour le cinéma n’a pas de limites, des classiques européens au cinéma turc et iranien, il explore le cinéma mondial et ses grands autrice.eur.s avec curiosité et passion. Mais c’est sa découverte du cinéma marocain des années 1970, et notamment du film Mirage de Ahmed Bouanani, qui sera décisive.” À l’âge de 19 ans, j’étais un grand cinéphile mais je n’ai jamais réussi à me connecter émotionnellement et plus profondément avec un film marocain en tant que marocain, jusqu’à ma première rencontre avec ‘Mirage’ (1979) d’Ahmed Bouanani, une expérience visuelle et intellectuelle à travers laquelle j’ai appris qu’une œuvre d’art ne pourrait être réussite si elle ne s’approprie pas la vraie identité de son atmosphère géographique, sociale, culturelle et intellectuelle, que c’est à partir de ces bases, d’où émanait la vraie poésie.” 

 

L‘artiste a créé une série de photographies intitulée “Maison Bouanani : Derrières et devant les Rideaux”. À travers laquelle, il explore la notion de “surexposition du hors-champ et sous-exposition du champ” en tant que juxtaposition photographique exprimant un dialogue hiérarchique, intellectuel et politique entre les espaces.

 

Cette résidence s’inscrit dans le programme de lancement des Archives Bouanani “Tous les pays qui n’ont plus de légendes seront condamnés à mourir de froid” qui reçoit le soutien de la Fondation Gerda Henkel pour le projet « Film history and cultural memory in Morocco – The Bouanani Archives » (Université Humboldt, Berlin) et du DAAD Artists-in-Berlin Program from funds of the German Federal Foreign Office (AA). 

 

Il est possible de consulter le programme ici. 

 

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© Ziad Naitaddi

 

Biographie

Né en 1995 à Rabat, Ziad Naitaddi est un artiste autodidacte qui vit et travaille à Salé au Maroc. Son affection pour les arts visuels se développe d’abord à travers le cinéma, par l’entremise de Fouad, un vendeur de DVD piratés de la médina de Rabat, qui lui fait découvrir un large panel de films et de réalisateurs. Rapidement, il s’intéresse à l’hybridité du médium photographique qui lui offre un biais de choix pour explorer ses sujets de prédilections, dans une démarche à mi-chemin entre le documentaire et le fictif. Il photographie ainsi depuis 2015, principalement en noir et blanc, et explore les possibilités expérimentales du médium. S’il balance entre la pratique numérique et l’anté-numérique, il privilégie la lenteur du processus de cette dernière pour contourner la prolifération des images de notre quotidien. Il en résulte parfois une distance par rapport à l’acte physique de la photographie. 

 

Dans cette perspective, il se réapproprie des archives, des témoignages écrits et oraux ou encore revient sur ses propres photographies quelques années après leur développement. Il nomme toutes ces possibilités narratives, qui dépassent le seul usage de l’appareil photographique, exhumation photographique. Cette pratique diversifiée de la photographie est aussi une volonté de proposer d’autres représentations du Maroc et de ses imaginaires. Son rapport au médium est autant lié à une manière de vivre, Ziad Naitaddi arpente et contemple quotidiennement des paysages variés au Maroc et ailleurs, qu’à une manière de faire avec la photographie. Par l’utilisation de ses potentiels techniques, il retranscrit cette errance dans des images à l’aspect mouvant et énigmatique. Dans ses derniers projets, il explore le sujet de la migration et ses corolaires – l’éloignement de la terre natale, le sentiment de l’exil, l’intégration ou l’exclusion – qu’il considère comme l’espace d’une rencontre complexe. À chaque fois, il se rapproche intimement des personnes qu’il photographie et tente de comprendre les changements d’états d’âme qui s’opèrent au fil du temps de leur migration. Bien conscient de travailler sous le prisme de sa perception personnelle, il réfléchit aussi à la construction et à l’évolution de sa propre identité. 

 

Pour l’artiste, la photographie est un geste éminemment collaboratif. Par ses écritures photographiques, à la tonalité intime et politique, Ziad Naitaddi cherche à questionner la difficulté de rendre compte, par l’image fixe, des émotions intérieures. Il a participé à plusieurs expositions et publications au Maroc et à l’étranger – au Centre d’Art Contemporain Photographique – Villa Pérochon, à la 13ème Biennale de Dakar, à la Fondation Dapper, au 16ème Angkor Photo Festival au Cambodge, Sharjah Art Foundation aux Émirats Arabes Unis. En 2017, il remporte le premier prix du jury du festival Les Nuits Photographiques d’Essaouira. Ziad Naitaddi est représenté par la Galerie 127. 

 

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