“Ahmed Bouanani emprunte au cinéaste Jean-Paul Cathala cette citation de Patrice de la Tour du Pin. Alors que Cathala la fait apparaître au prologue de son film “Les Contes de la Charrette” (1983, 100 min), Bouanani l’utilise comme titre d’un chapitre de l’épilogue de La Septième Porte : une Histoire du cinéma au Maroc de 1907 à 1986 (Kulte éditions, Rabat, 2020).”
Pour son programme d’activation « Tous les pays qui n’ont plus de légendes seront condamnés à mourir de froid », Les Archives Bouanani se déplacent à Marrakech, invitées par LE 18, en partenariat avec le programme AWAL.
La famille Bouanani est une famille de cinéma : Ahmed Bouanani était écrivain, réalisateur et monteur ; Naïma Saoudi, costumière, décoratrice, productrice, réalisatrice, actrice, script et assistante monteuse ; et leur fille Batoul, habilleuse et costumière. Ils ont laissé derrière eux une importante quantité de livres, revues, manuscrits, dessins, scénarios, notes, affiches, costumes et accessoires, qui témoignent non seulement de la vie et de l’œuvre familiale, mais plus largement de l’histoire culturelle du Maroc. Aujourd’hui, c’est Touda Bouanani, leur fille et sœur, qui prolonge ce travail de collecte, de conservation, mais aussi de valorisation à travers les actions de l’association Archives Bouanani. Ces archives témoignent de la volonté des Bouanani de préserver une mémoire marocaine « oublieuse » de son passé et de proposer un récit personnel d’une Histoire du cinéma qui se raconte moins par ses grandes œuvres et ses grands films que par ses techniciennes et techniciens (montage, image, costumes, décors, etc.) ou les plus précurseurs de ses cinéastes, tel l’autodidacte Mohamed Osfour. Ces archives montrent également une attention particulière à la préservation de la culture populaire (les traditions orales, les légendes, la bande dessinée, les arts populaires), ainsi qu’aux questions de langues, de traduction et de transmission.
Cette exposition accompagne la récente sortie du livre La Septième Porte : une Histoire du cinéma au Maroc de 1907 à 1986 de Ahmed Bouanani (Kulte éditions, Rabat, 2020).



Les différentes salles de l’exposition:
- Une salle avec la projection de “La Septième Porte” d’André Zwobada en deux versions : la version arabe (1947 / 111 min) avec Mohamed Gabsi et Keltoum, et la version française (1947 / 91 min) avec Georges Marchal et Maria Casarès.






- Une salle dédiée à Mohamed Osfour, pionnier du cinéma marocain.




- Une salle dédiée à l’univers de Naïma Saoudi. Dans cette salle, un atelier imaginaire de Naïma Saoudi a été reconstitué, comprenant ses outils, ses carnets, ses dessins et ses plans de travail. On y trouve également des photographies du tournage des films “Mirage” et “Les quatre sources” d’Ahmed Bouanani, ainsi que des éléments de décor, des affiches et des accessoires. Par ailleurs, des photographies du tournage de “Tambours de feu” de Souheil Ben Barka, également connu sous le nom de “Les cavaliers de la gloire” ou “La bataille des trois rois”, réalisées en URSS en 1989, sont exposées. Pour ce film, 18 000 costumes ont été réalisés à partir des dessins d’Enrico Luzzi. Naïma Saoudi a conçu les costumes avec Margarita Stroutchkova, costumière au théâtre Bolchoï. Dans le patio, des costumes des films mentionnés ci-dessus, ainsi que des costumes collectés en prévision d’autres tournages, ont été exposés.












- Une salle consacrée aux dessins et peintures d’Al Bourak. Le terme “Bourak” provient du mot arabe “Barq“, signifiant la foudre. Il s’agit d’une figure mythologique née de l’imagination des artistes. Mi-femme, mi-cheval, ou mi-homme, mi-mule, cette figure est associée au voyage nocturne effectué par le prophète Mohamed, de La Mecque à Jérusalem, sur le dos d’un Bourak.


- Le coin des cinéphiles : l’espace de visionnage des films. Cinquante films référencés dans “La septième porte : une histoire du cinéma au Maroc de 1907 à 1986” ont été mis à la disposition des cinéphiles. Ils ont été sélectionnés dans la collection privée de Mostafa Dziri, cinéphile, acteur et collaborateur de Mostafa Derkaoui dans « De quelques événements sans signification ». Le film a été interdit en 1974, et Dziri était la seule personne à posséder une copie de ce film. La copie a disparu et a été récemment retrouvée et restaurée en 2019.

Ateliers enfants : au sein de l’exposition, une salle particulièrement colorée et poétique, propose une sélection d’archives pensées pour être découvertes et manipulées par le jeune public (lectures, films, etc). Des ateliers viendront compléter cette volonté de partage des Archives de la famille Bouanani pour tou.te.s.
Chaque dernier vendredi du mois : atelier de fabrication de Taghounja, des poupées réalisées avec des cuillères en bois et des roseaux par les femmes et les enfants, pour invoquer la pluie en temps de sécheresse, ainsi qu’un atelier de coloriage : Bouraq et Tarzan, réalisés à partir d’oeuvres, dessins, et bandes dessinées conservées aux Archives Bouanani.



Personne ne mourra de froid pour l’instant : une résidence AWAL x Archives Bouanani Bouanani avec Driss Ouaamar. Cette résidence dédiée à la recherche artistique, elle se déroule en parallèle et en dialogue avec l’exposition du collectif Archives Bouanani « Tous les pays qui n’ont plus de légendes seront condamnés à mourir de froid ». La mission commune d’AWAL et les Archives Bouanani vise à (dé)cadrer les pièces exposées et les (re) présenter comme des sources vivantes afin de remettre en question l’idée d’archive comme un ensemble d’artefacts morts ou d’objets de nostalgie. Ainsi, l’artiste Driss Ouaamar est invité à installer son atelier de recherche au sein de l’espace d’exposition pour favoriser une relation dialectique entre la création historique et contemporaine.




