أرشيف بوعناني

PERSONNE NE MOURRA DE FROID POUR L’INSTANT – Driss Ouaamar

23.10.21 - 15.01.22 // Le18 Derb El ferrane, Marrakech

PERSONNE NE MOURRA DE FROID POUR L’INSTANT – Driss Ouaamar

« Pour Bouanani l’enjeu principal était celui de la mémoire. Il fallait reconstituer une mémoire culturelle interrompue, reconstruire un paysage intime à partir des fragments que l’on pouvait encore arracher à l’aliénation. Pour ce faire, Bouanani a voyagé à travers le Maroc afin de documenter les arts populaires et recueillir les traditions orales. » — Omar Berrada, « Décoloniser L’écran » dans LA SEPTIÈME PORTE, 2020.

 

Driss Ouamro En Résidence1.@tb

 

Personne ne mourra de froid pour l’instant” est une résidence dédiée à la recherche artistique. Elle se déroule en parallèle et en dialogue avec l’exposition du collectif Archives Bouanani “Tous les pays qui n’ont plus de légendes seront condamnés à mourir de froid”. 

 

Au cours de la dernière décennie, le travail des archives Bouanani a permis de mettre en lumière un ensemble de précédents artistiques marocains. Cette résidence, née de la collaboration entre AWAL et Les Archives Bouanani est une reconnaissance de cet héritage culturel et de l’apport des Bouanani-Saoudi dans ce lègue. Elle vise à promouvoir la transmission intergénérationnelle et à souligner le potentiel de l’accumulation historique et créative pour l’expression artistique marocaine. La mission commune d’AWAL et les Archives Bouanani vise à (dé)cadrer les pièces exposées et les (re) présenter comme des sources vivantes afin de remettre en question l’idée d’archive comme un ensemble d’artefacts morts ou d’objets de nostalgie. Ainsi, l’artiste Driss Ouaamar est invité à installer son atelier de recherche au sein de l’espace d’exposition pour favoriser une relation dialectique entre la création historique et contemporaine.

 

Driss Ouaamar a passé plusieurs mois dans sa région natale, entre Ouarzazate et Agouim, à recueillir des histoires orales, des légendes, des chansons et des récits historiques pour les archives AWAL. En passant par Rabat dans les archives Bouanani, l’artiste a sélectionné un ensemble de sources pour approfondir ses recherches et sa pratique artistique.

 

L’importance du rituel Tlaghnja réside dans ses racines culturelles et historiques profondes, ainsi que dans sa relation étroite avec la vie agricole et la symbolique de l’eau en tant que représentation de la fertilité. La Tlaghnja, « une cuiller à pot » utilisée pour demander la pluie, est transformée en mannequin paré d’atours féminins, ouvrant la procession rituelle des rogations pour la pluie. Au sein de la résidence AWAL, Driss a axé ses recherches sur le déclin de ce rituel, attribué à divers facteurs tels que l’individualisme, le capitalisme, l’urbanisation et la mondialisation. Ces éléments ont contribué à l’érosion des pratiques traditionnelles et de l’héritage culturel associé. La démarche de l’artiste consiste à documenter et à archiver l’histoire orale de cette pratique culturelle et à plonger dans les mémoires populaires à travers le médium captivant de la narration visuelle. Il explore également le lien de ce rituel avec les changements climatiques et le déclin de la mémoire collective.

 

V. Salle 3. Tarounja Visiteur@sb
V.s3. Bureau Ecran Et 2 Visiteuses@sb

 

À travers une approche créative, Driss soulève des interrogations sur le destin de la culture traditionnelle face à l’influence prédominante des cultures mondiales, tout en examinant la possibilité de revitaliser et de réhabiliter ce patrimoine dans le domaine artistique. Intégré à l’exposition, son studio ouvert agissait comme un espace de travail transparent qui rendait visible son processus de création. Sa recherche et sa pratique artistique ont deux objectifs. Premièrement, favoriser une relation dialectique entre la création historique et contemporaine et deuxièmement, éroder toute compréhension des archives présentées dans l’exposition comme des artefacts morts.   

 

Une restitution de sa résidence suivie d’une présentation et discussion avec l’artiste autour de sa recherche sur les contes et légendes amazighes a eu lieu le 22 janvier 2022 au Le18. 

 

Open Studio

 

Biographie 

Driss Ouaamar est un illustrateur, artiste visuel et réalisateur de films d’animation basé à Ouarzazate (Maroc). Sa pratique consiste à adapter des contes populaires, légendes et mythologies amazighes en contes illustrés ou animés afin de redonner vie aux traditions orales, en danger de disparition et de participer à leur transmission aux jeunes générations. Driss Ouaamar a reçu le premier prix au Festival International du Film d’Animation de Meknès (FICAM) pour son film “Tankra” (Éveil) et a été sélectionné pour la bourse de résidence et de recherche AWAL / ANDAM avec LE 18. 

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