D’octobre 1961 à juin 1963, Ahmed Bouanani est étudiant à l’IDHEC (Institut des Hautes études cinématographiques) de Paris. Les Archives Bouanani gardent quelques traces de ces années de formation cinématographique, qui ont très probablement influencé les créations des années 1960 de Bouanani et de ses complices Rechiche et Tazi.

On peut compléter Les Archives Bouanani avec des documents conservés dans les archives de l’IDHEC aux Archives Nationales de France (fond 20100338).


Leurs études commencent par un mois de “classe d’initiation” ou “classe normative”, destinée à “mettre au niveau” les étrangers.



Bouanani intègre ensuite la section Script-Montage, avec Abdallah Rmili, tandis que Tazi, Rechiche et Sekkat intègrent la section Prise de vues. Ces études à l’IDHEC sont un moment d’importantes découvertes cinématographiques, ce dont témoignent leurs travaux. En fin de première année, les étudiants doivent rendre une “fiche filmographique”, que Bouanani consacre à Génération (Une fille a parlé) d’A. Wajda (1955, Pologne), même s’il a d’abord hésité avec Quand passent les cigognes de Kalatozov (1957), film emblématique du dégel soviétique.




En fin de deuxième année, les étudiants doivent cette fois remettre un mémoire de fin d’étude. Après avoir proposé un sujet sur le “Héros westernien”, Bouanani consacre finalement son mémoire au “Montage créateur”.





Evidemment, il y a aussi des évaluations pratiques. Les étudiants s’investissent dans les tournages les uns des autres. Outre les positions de script et de monteur, Bouanani occupe aussi celle… d’acteur !… dans le tournage de l’un de ses amis, le Turc Alp (Zeki) Heper (de la 17ème promotion). Il s’agit du film Aube (Safak), dont le scénario est accepté après maints refus de la part de la direction de l’IDHEC, qui semble trouver l’imagination de Heper particulièrement… débridée.
Heper prépare avec minutie ce tournage, témoignant d’une représentation très picturale de son film, de son décor, et du positionnement des acteurs.









C’est d’ailleurs l’un des rares films étudiants de l’IDHEC pour lequel ont été conservées des photographies de tournage. On reconnaît Bouanani en amoureux transi éploré, menotté, torturé, en grand manteau noir ou chemise blanche froissée.
Deux films étudiants de Heper : Le parfum de la dame en noir et Aube, 1961 et 1962.